Débutant en zéro déchet - Le guide pour s'y retrouver

Le « zéro déchet » ou « zéro gaspillage », est une démarche qui ambitionne de réduire notre impact sur l’environnement. On parle aussi de zero waste. Le mot anglais waste, est bien pratique, parce qu’il désigne à la fois le « déchet » et le « gaspillage ».

Le mot « zéro » est fort, et il peut faire peur, mais son intention est louable. Il s’agit de bousculer les mentalités face à l’urgence de la situation, en projetant un objectif idéal. Comme le rappelle la devise du zéro déchet, « le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas. » La démarche en elle-même, encourage le respect de l’environnement par la production d’un minimum de déchets, la réduction du gaspillage, et la stimulation d’une économie circulaire. Elle est à la portée de tout un chacun, en adoptant une nouvelle routine zéro déchet. La démarche est progressive et positive. Elle peut être suivie à titre individuel ou collectif.

Le coût environnemental de la surconsommation

Déchets plastique

Le concept du sac à dos écologique 

Nos modes de vie actuels, favorisent la surconsommation et le gaspillage. Cela génère des quantités considérables de déchets, engendre énormément de gaspillage et occasionne des pollutions de toutes sortes.

La fabrication d’objets nécessite l’extraction de matières, la dépense d’énergie et de ressources pour les produire, à quoi il faut ajouter l’impact environnemental du transport. Un concept, le « sac à dos écologique », développé par le chercheur allemand Friedrich Schmidt-Bleek, permet de mesurer l’empreinte écologique de chaque objet ou produit fini, que nous utilisons dans notre quotidien. L’idée est de faire prendre conscience de toutes les ressources naturelles qui ont été nécessaires à la fabrication de ces objets, et dont le poids est comme un sac à dos caché derrière, qu’on ne voit pas. 

Le calcul de ce sac à dos se base sur l’indicateur MIPS (mesure de la quantité des Matières Indispensables Par unité de Service). Il prend en compte 5 catégories de ressources naturelles :

  • les ressources non-renouvelables (matières premières minérales, combustibles énergétiques fossiles, terres déplacées par creusement des mines, etc.) ;
  • les ressources renouvelables (biomasse, agriculture, forêt, etc.) ;
  • le déplacement du sol (labourage, érosion, etc.) ;
  • la consommation d’eau (eaux de surface, nappes phréatiques, etc.) ;
  • la consommation d’air (modifications physiques ou chimiques).

Quelques exemple de sac à dos écologique

Voici quelques exemples, qui seront plus éloquents. Un Smartphone qui pèse entre 100 et 300 grammes, ne porte rien moins qu’un sac à dos écologique de 70 kg de matières. Pour un ordinateur de bureau, le poids se monte à 1,3 tonne, et peut aller jusqu’à 1,5 tonne. Une tonne de matières est générée pour produire un litre de jus d’orange. Si on ne s’intéresse qu’à la consommation d’eau, un jean, par exemple, nécessite 8 000 litres d’eau pour être fabriqué. Son sac à dos écologique pèse 49 kg, pour un vêtement de quelques centaines de grammes.

Cela donne à réfléchir et change notre vision de la consommation, ainsi que notre façon de gérer les déchets. Un objet jeté à la poubelle part à la décharge ou en incinération. S’il se mêle à des déchets alimentaires et organiques, le gaspillage est encore plus regrettable, parce que les biodéchets peuvent être revalorisés en compost bénéfique pour les sols, ou bien utile à la production de biogaz. La perte est grande, parce que les déchets organiques représentent un tiers du contenu d’une poubelle. 

Le zéro déchet, bon pour la planète, le porte-monnaie et la santé

oceans pollues

Le zéro déchet et l’écologie

Vous l’aurez bien compris, le zéro déchet est une démarche nécessaire pour réduire notre impact sur l’environnement. Les déchets constituent une source de pollution colossale des eaux et des sols. Les nanoplastiques de nos objets se retrouvent au fond des océans. On parle même d’un véritable 7ème continent de plastique dans les océans.
En effet, des milliards de fragments de plastique se retrouvent amalgamés dans les mers. Ils restent en suspension à la surface (et jusqu’à 30 mètres de profondeur) et sont difficilement observables à l’œil nu. Par contre, dès qu’on puise dans l’eau, on en ressort une quantité saisissante de plastiques, dispersée dans les bassins océaniques. 

Le problème des déchets produits concerne aussi la terre. La quantité est telle, que bon nombre de déchets sont exportés, en particulier dans des décharges sauvages en Asie du Sud-Est. En 2019 par exemple, plus de 385 000 tonnes de plastiques usagés français ont été envoyées à l’étranger, dont 60 000 en Asie.

Réduire ses déchets, permet d’agir à plusieurs niveaux sur l’impact environnemental. En amont, pendant l’étape de fabrication des objets, on réduit la consommation d’énergie, d’eau et de ressources naturelles nécessaire à la production d’objets dont on peut se passer.
En aval, on diminue le recours à des procédés industriels lourds pour le traitement des déchets, comme les décharges, l’enfouissement, l’incinération, ou même le recyclage. D’ailleurs, il faut rappeler que le recyclage n’est pas infini. On parle aujourd’hui de « décyclage », pour évoquer la diminution de matières à chaque cycle.

Le budget et le zéro déchet

Mais l’intérêt du zéro déchet ne s’arrête pas là. Passé une phase d’investissement financier nécessaire, le zéro déchet est un choix de vie qui permet de faire des économies appréciables sur le long terme. En effet, la consommation de produits jetables, nécessite un renouvellement constant de ses approvisionnements, ce qui n’est pas le cas avec la substitution par un objet durable.

En ce qui concerne l’alimentation, le fait de se mettre à l’achat en vrac de produits, permet d’ajuster sa consommation à ses besoins réels, tout en économisant sur le coût de l’emballage, qui est supprimé. En se passant des produits d’entretien, que l’on peut fabriquer soit même avec des produits d’usage courant, comme le vinaigre, le bicarbonate de soude ou encore le savon noir, non seulement on limite ses déchets, mais en plus, on économise de l’argent. Ces produits naturels de substitution sont, en effet, peu onéreux et leur efficacité est de notoriété publique.

Avec le changement des modes de consommation, lié à la prise de conscience de l’empreinte écologique, on s’intéresse davantage à une pratique, autrefois marginalisée et jugée dévalorisante : le marché de seconde main. Il s’agit de l’économie circulaire, qui s’accorde avec des motivations écologiques et citoyennes. Ainsi aujourd’hui, on s’oriente plus volontiers vers des objets d’occasion ou des produits reconditionnés.

Enfin, en adoptant le zéro déchet, on adhère au principe du minimalisme qui consiste à posséder moins pour vivre mieux. Le fait de moins posséder, donc consommer, aura forcément un impact positif sur vos finances.

Le zéro déchet et la santé

L’autre avantage de la routine zéro déchet, est l’impact positif sur la santé. Pour remplacer les produits à usage unique, on revient vers des produits bruts, peu ou pas transformés, et dont la composition est plus simple. Ils sont souvent meilleurs pour la santé.
Par exemple, le fait de remplacer les produits d’entretien par des préparations maisons à base de vinaigre, de bicarbonate de soude et de savon noir, permet d’éviter l’inhalation des effluves chimiques des produits conventionnels, dont la toxicité n’est pas sans effet sur la santé.

De la même manière, pour l’alimentation, le fait de supprimer les emballages, réduit notre exposition au plastique et aux effets délétères qu’il peut produire. 

Pour agir, la règle des 5 R

zero dechet cuisine

Maintenant qu’il n’y a plus de doutes sur les vertus du zéro déchet, il faut passer à l’action. Avec le zéro déchet et le zéro gaspillage, on agit à trois niveaux :

  • on réduit nos déchets ;
  • on allonge la durée de vie de nos objets ;
  • on traite mieux les déchets que l’on produit.

Pour nous aider, Béa Johnson a créé la règle des 5 R : refuser, réduire, réutiliser, recycler et rendre à la terre. Cette passionnée du minimalisme a une attitude exemplaire, en matière de zéro déchet. Le contenu de sa poubelle annuelle tient dans un bocal d’un quart de litre. Preuve que tout est possible, même si Béa Johnson met la barre haute. Le New York Times la décrit comme « la prêtresse du style de vie sans déchets. » 

Voyons la règle qu’elle préconise plus en détail :

  1. Refuser le superflu. C’est lutter contre la tentation de posséder toujours plus d’objets, dont on n’a pas forcément besoin (il faut en prendre conscience), et se passer des objets à usage unique, et des objets qui ne peuvent pas être revalorisés d’une manière générale. C’est s’interdire d’accepter des goodies et des cadeaux qui ne nous sont pas utiles. C’est aussi refuser les emballages inutiles, en privilégiant l’achat en vrac. S’opposer aux prospectus publicitaires en collant un message STOP PUB à sa boîte aux lettres, est une action emblématique qui va dans ce sens.

  2. Réduire au nécessaire. C’est s’organiser pour n’acheter que les quantités nécessaires, et ainsi éviter les gaspillages. Cela permet aussi d’éviter les emballages superflus, toujours en privilégiant l’achat en vrac.

  3. Réutiliser ce que l’on achète. C’est préférer les objets réutilisables aux objets jetables, privilégier l’achat de seconde main (occasion ou reconditionné), emprunter ou louer plutôt que d’acheter du neuf, réparer plutôt que de jeter, vendre ou donner ce que l’on n’utilise plus et qui peut servir à d’autres personnes.

  4. Recycler ce qui n’a pas pu être évité. C’est favoriser le recyclage d’objets ou de matières qui peuvent être revalorisées.

  5. Rendre ou redonner à la terre. C’est trier ses déchets en séparant les déchets alimentaires et organiques (biodéchets) qui peuvent être transformés en compost et fournir un terreau fertile.

En mettant en pratique le zéro déchet et le zéro gaspillage, la famille de Béa Johnson a économisé 40 % sur ses dépenses annuelles (calculs effectués avec relevés bancaires à l’appui). Le zéro déchet, c’est donc un ensemble de pratiques qui, mises bout à bout, permettent d’obtenir des résultats encourageants dans différents aspects de son quotidien, tout en agissant positivement sur les problèmes environnementaux et sanitaires.

10 objets indispensables à une routine zéro déchet débutant

À cause de la surconsommation de produits à usage unique, nos poubelles se remplissent à une vitesse phénoménale, sans qu’on ne s’en rende vraiment compte. Il s’y accumule des emballages en plastique, des gobelets jetables (voir notre article sur la fête de la musique zéro déchet), des disques de coton, des cotons tiges, des capsules ou des dosettes de café, etc. Notre quantité de déchets a doublé en 40 ans.

En adoptant une attitude zéro déchet et zéro gaspillage, il est possible de diviser par deux, voire trois, notre quantité hebdomadaire de déchets. Pour vous y aider, passons en revue les dix objets indispensables à avoir. Ils vous aideront à avancer dans la philosophie du zéro déchet, et vous feront faire des économies substantielles.

Le tote bag

Pour commencer, parlons du tote bag. Ce sac en toile est très commode pour transporter vos courses. Préférez-le en coton biologique, pour rester dans la philosophie eco-friendly, respectueux de la nature, du zéro déchet.
On peut facilement le plier et le ranger dans son sac. Ceci est très pratique, car il peut être utile à diverses occasions, comme pour transporter sa baguette et ses viennoiseries après un passage en boulangerie, ou en allant acheter son repas à emporter du midi. On peut le choisir avec un message humoristique, ou pourquoi pas le personnaliser.

Les adeptes du style vintage opteront pour le sac filet à provisions de nos grands-mères, qui fait un retour remarqué. Il en existe aujourd’hui dans différentes couleurs.

La gourde

Très utile également, la gourde que l’on emporte avec soi pour s’hydrater, au travail ou quand on se promène. On mesure d’autant plus l’importance de ce geste zéro déchet, quand on sait que 6 300 bouteilles sont vendues par seconde dans le monde. Le choix d’une gourde en acier inoxydable plutôt qu’en plastique, est préférable. Il en existe aussi en verre, mais il faut tenir compte du poids et du risque de casse.

savon solide

La salle de bain zéro déchet

Dans la salle de bain zéro déchet, on peut échanger ses flacons de shampooing et de gel douche, par des équivalents solides. Certains, comme le savon tout en 1, permettent un usage double voire triple (pour les cheveux, le corps et le rasage). La brosse à dents en plastique aussi gagnerait à être replacée par son équivalente, la brosse à dents en bambou. Elle ne servira pas plus longtemps (trois mois d’usage), mais pourra être revalorisée dans un compost où elle mettra 6 mois à se dégrader. Vous pouvez même choisir votre brosse à dents avec tête interchangeable pour n’avoir que la tête à changer. Il en est de même pour votre tube de dentifrice conventionnel, qui peut être très facilement remplacé par un dentifrice solide

Les disques de coton, que l’on utilise pour se démaquiller, appliquer des lotions ou soigner une plaie, contribuent fortement à augmenter notre quantité de déchets produits. Il est possible de les remplacer par des cotons lavables. Les cotons tiges peuvent aussi être remplacés par un oriculi. Il s’agit d’un cure-oreille d’origine japonaise, qui se présente comme un bâtonnet en bois recourbé et réutilisable.

Les contenants en verre

Il est important aussi de posséder des contenants en verre, utiles pour stocker et conserver ses aliments, ou emporter son repas de midi au bureau. Le verre se prête bien à la philosophie du zéro déchet. En plus d’être durable, il se recycle plus facilement que le plastique. Et en ce qui concerne la santé, il est exempt de substances nocives, comme les phtalates et le bisphénol, que l’on retrouve dans le plastique. 

Et pour s’approcher toujours plus près du zéro déchet, il est important de faire ses courses dans des magasins qui proposent des produits en vrac. Dans ce cas, l’utilité des contenants en verre est évidente. Idem, il est préférable de prépare le repas du midi qu’on apporte avec soi au bureau. En plus d’être plus sain pour la santé, on évite les nombreux emballages des plats préparés ou des repas qu’on achète à emporter.

Café zero déchet

Et pour le thé et le café alors ? 

Comme on ne peut plus se passer de café, il est bien d’envisager l’achat d’une cafetière à piston ou d’une cafetière italienne, et pour les amateurs de thé, d’une boule à thé. Notre consommation quotidienne et individuelle de ces boissons stimulantes, génère énormément de déchets.
Les capsules et les dosettes de café, ainsi que les sachets de thé usagers, s’accumulent rapidement dans nos poubelles. Se procurer une boule à thé est le meilleur moyen de se motiver à essayer le thé en vrac. Et pour les amateurs de café, avec une cafetière à piston ou une cafetière italienne, il vous suffira simplement d’ajouter de l’eau et du café, pour préparer votre boisson chaude favorite. Le seul déchet produit sera du marc de café, que l’on peut vider dans son évier pour nettoyer naturellement les canalisations.

Les produits ménagers

Comme nous l’avons vu précédemment, on peut remplacer les produits ménagers par trois ingrédients simples et naturels : le vinaigre, le bicarbonate de soude et le savon noir (ou savon de Marseille). Si vous n’êtes pas encore à l’aise avec cela,  vous trouverez facilement des kits pour produits ménagers naturels. Cela vous permettra de passer en douceur au ménage zéro déchet. 

Le cas des piles

Enfin, au lieu de consommer toujours plus de piles, qui finissent constamment par traîner dans un tiroir, pourquoi ne pas investir dans un chargeur de piles ? En utilisant des piles rechargeables, on n’est jamais à court de piles, et on fait un geste pour la planète en réduisant nos déchets.

bocaux vrac

Vous voyez, ce n’est pas si compliqué. En réévaluant nos vrais besoins et en adoptant des gestes simples, on peut faire de grands progrès dans la marche vers le zéro déchet. Depuis la prise de conscience, très actuelle, de l’enjeu écologique, on assiste au développement de nombreuses initiatives, qui peuvent vous aider à adopter une routine zéro déchet et zéro gaspillage, même si vous êtes débutant ! Alors pourquoi ne pas profiter de ce début d'année pour prendre de bonnes résolutions zéro déchet